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Carrières sur Seine, 78, France

dimanche 9 mars 2008

Abécédaire arabo-andalou






A
pour commencer, a comme Al Andalous ou un voyage de quelques jours le long des routes arabo-andalouses de l’automne 2006, suite de nos escales autour de la Méditerranée et poursuite du périple entamé il y a tout juste trente ans...

B
comme bario de Albaicin, la colline blanche de Grenade : sentes étroites, cármenes, enchevêtrement de ruelles, calades, terrasses, une médina dont les noms de rues portent l’empreinte de la reconquista : calle Maria de la miel, Santa Isabel la réal, San Juan de los reyes, Maria de la pieda, calle Jesu de la passion… Tout en haut, hors d’haleine, le dos brisé par la montée, nous découvrons l’Alhambra, tours, palais, murailles, forteresses aux pierres rougies par le soleil couchant.

C
comme Cordoue : la ville haute aux larges artères sonores, aux façades classiques, baroques, coloniales, art nouveau descend vers les bords du Rio Guadalquivir, de plus en plus calme et secrète. Elle se fond dans l’étroitesse de la juderia avant de se révéler, fière et grandiose, dans le reflet des portes d’or de la mosquée.

D
comme distraction : je m’aperçois en fin de voyage que j’ai oublié les clés de la maison et d’autres affaires personnelles dans une chambre des Alpujaras. Téléphone au patron, retour sur nos pas à travers les montagnes au lieu de la route de Malaga. Et tant mieux : magnifique voyage, lumière rasante sur la Sierre Nevada enneigée, occasion de passer la dernière journée du voyage à Séville : Isabelle me fête mon anniversaire au hammam avec la complicité d’un serveur, de thé à la menthe et de pâtisseries orientales !

E
comme Europe, el balcón de Europa, Nerja : c’est à Nerja une avancée en demi-lune hantée par les chats d’où l’Europe regarde vers l’Algérie et que nous découvrons dans la tiédeur de la nuit étoilée. Nous y retournons au matin : le balcon surplombe des rochers baignés d’une eau turquoise cristalline.

F
comme flamenco, partout : celui qui s’échappe des fenêtres ouvertes d’une rue de Cordoue, celui qui s’éraille de la voiture d’un gitan de Grenade, celui qu’esquissent quelques Sévillanes devant une bodega, comme un trait d’union d’une ville à l’autre.

G
comme Generalife, les jardins de l’Alhambra, Grenade : rigoles, canaux, fontaines, jets d’eau, bassins de nénuphars, immobiles miroirs d’émeraude, perfection des roses, exubérance des lauriers, modestie des myrtes, verticalité des cyprès, jaillissement des palmiers, équilibre des orangers, des citronniers, terrasses, allées secrètes, escaliers dérobés, patios de verdure cachés au regard, oiseaux, écureuils et poissons, rythme joyeux de l’eau, alliance des éléments, jardin sensible, contre image du désert, paradis… Sourate « les Abeilles », XVI 11-13 : « Dans l’eau qui descend du ciel, dans la germination et la croissance, dans la nuit et le jour, dans le soleil, la lune et les étoiles, dans toute la création et ses mille couleurs, il y a des signes pour un peuple qui réfléchit. »

H
comme hammam, Cordoue et Séville : aux bańios arabes de Cordoue, trois bassins de marbre blanc aux murs de pierre couleur sable couverts d’inscriptions coufiques, les lumières vacillantes des bougies, les lits de massage, les draps blancs, les huiles parfumées. Nous passons lentement d’une cuve à l’autre où court une eau à 8, 30 et 40 degrés. Hammam de Séville : bouillonnement de l’eau, bains de vapeur saturés d’huile de menthe, cuves de pierre enchâssées dans les dalles chaudes du sol, salle de repos avec larges plateaux de cuivre et théières d’eau glacée, calme majestueux des hauts murs rouge foncé. J’essaie de rejouer la scène de la Mala Educacion, lorsque Enrique se tient immergé, droit contre le mur de la piscine… sans succès.

I
comme isolées, les Alpujaras : nichés sur le flanc sud de la Sierra Nevada, les villages des Alpujaras, derniers bastions des Musulmans avant leur expulsion du 12e siècle. Style architectural de l’Atlas et des villages berbères du Maghreb. Pampaneira, Bubión, Capileira ont la blancheur mate de la chaux. Le décor change quand on les observe de plus haut : on ne voit alors que le gris du gravier d’ardoise qui recouvre les toits en terrasses, peut-être une façon de mieux se fondre dans la sécheresse du paysage : yeuses, amandiers, peupliers. À l’intérieur des villages, le dédale des calades immaculées et des passages couverts évoque également les hameaux grecs des Cyclades. Nous y passons deux nuits dans une tiédeur étonnante à cette altitude (1300m) et dans un calme parfait.

J
comme Juderia, Cordoue : serré contre la mosquée, le lacis des venelles blanches du ghetto juif. Il abrite des patios calmes ou exubérants, toujours frais à l’ombre des hauts murs chaulés. Synagogue, couvents et églises se font écho dans une unité de style stupéfiante, à la confluence des trois religions du Livre.

K
comme Klickair, haut dans le ciel d’Espagne : impossible de s’y méprendre, les hôtesses de Klickair roulent pour Almodovar. Un peu trav, un peu trans, elles soufflent dans l’avion un air de movida et quand l’appareil se pose à Orly, elles déclenchent l’hilarité des passagers en annonçant que nous venons d’atterrir… à Barcelone, et dans de bonne conditions. Annoncent ensuite que le pilote se marie aujourd’hui et provoquent des applaudissements dans la carlingue.

L
comme Le Kef, Tunisie : sur la route de Séville à Cordoue, le bourg de Carmona et la belle ambiance de la ville blanche construite sur un promontoire qui domine une plaine fertile et les montagnes. Nous entrons dans la cité encore plongée dans la nuit. Au même moment montent en nous le même souvenir et la magie du Kef, sur le même promontoire au dessus de la même plaine du nord-est tunisien, au pied du djebel algérien.

M
comme Mezquita, la mosquée de Cordoue : le calife de Damas fit construire la plus vaste mosquée d’Occident au bord du Rio Guadalquivir, une immense salle de 1000 colonnes que Charles Quint autorisa à aménager pour y édifier la cathédrale se son mariage. L’édifice est un concentré de toute l’histoire de la ville : la Mezquita fut bâtie sur les ruines du temple celte de Lug, puis d’une synagogue attribuée à Salomon, d’un temple romain et d’un sanctuaire chrétien wisigoth. Étonnante alliance de l’art musulman et chrétien. On se perd dans un dédale de colonnes aux superbes chapiteaux dressées sur le marbre clair. Jeux d’ombres, de lumières, de perspectives, d’alignements, forêts de pierre que les mains des croyants ont caressées depuis des siècles et dont certains fûts penchés se souviennent encore du tremblement de terre de Lisbonne. Au centre, la cathédrale allie gothique, renaissance et baroque. Directement insérée dans la mosquée et donc sans contreforts, sans murs extérieurs ni vitraux, elle offre un espace immense sans jamais cacher le mihrab : stupéfiante beauté de ce mur ouvragé qui mêle les 99 noms d’Allah aux arabesques légères, aux ors, aux mosaïques de cristal et d’argent des voûtes de cèdre. Nous déambulons lentement dans la mosquée et le regard se perd dans le rythme né de la double arcature qui relie chaque colonne, décor géométrique inlassablement répété, rouge brique et sable. La mosquée s’ouvre par d’immenses portes d’or sur un jardin où palmiers, orangers et cyprès s’alignent sur des mosaïques de galets. La pierre des remparts prend un reflet de miel clair et de rose que rythment de loin en loin les ors des monumentales portes. Des colombes blanches volent d’une fontaine à l’autre dans la fraîcheur du matin.

N
comme negro, noir, dans les villages du sud : Isabelle les cherchait et nous finissons par les trouver, les femmes en noir d’Espagne, toutes semblables à ma grand-mère, petite, énergique, tout de noir vêtue d’un bout à l’autre de l’année et qui me disait encore, 50 ans après son veuvage, quand je l’interrogeais sur la couleur de ses vêtements (et en roulant les r à la catalane) : « Je porte le deuil de mon pauvre mari ! »

O
comme olives, de Cordoue à Grenade : tout au long de cette route, un immense jardin d’oliviers envahit les collines. Une odeur d’huile, lourde, épaisse, flotte dans l’air chaud de l’automne. Les arbres ploient sous la charge des fruits presque mûrs.

P
comme palais nasrides, Grenade : au cœur de l’Alhambra, le joyau de Grenade, l’union de l’eau, de la lumière et de la pierre. Un autre jardin paradis au cœur de la cour du calife : dans le patio des lions, les fins piliers de marbre, tels les troncs des palmiers, évoquent une oasis ; au centre, quatre canaux dirigent l’eau de la fontaine vers les quatre directions du monde, comme les quatre fleuves de l’Eden ; le bassin central évoque l’eau de l’océan qui reçoit l’eau du ciel ; douze lions de marbre le soutiennent. Tout autour, les appartements privés du prince, le harem, de superbes salles au plafond de cèdre incrustées de versets tirés des sourates du coran et pour la partie basse de subtiles céramiques. Les ouvertures aux arcs outrepassés donnent sur de petits patios où commencent à briller les pommes d’or des orangers dans le feuillage vernissé des vieux arbres. Centre de la vie de la cour, le hammam, monde muet de marbre clair qu’adoucit le jeu raffiné des céramiques fanées. La lumière du jour y parvenait tamisée au travers de petites ouvertures étoilées ; réfractée par la vapeur qui inondait la salle, elle irisait les bains royaux, tissant une ambiance des mille et une nuits autour des intrigues du palais. Nous nous dirigeons vers les jardins du Generalife éblouis par l’extrême raffinement et la magie des palais.

Q
comme quai du Guadalquivir, Cordoue : nous observons le passage du crépuscule sur la rive gauche du fleuve. Le soleil crache dans le ciel ses oranges et ses mauves violents. À l’est, un rose délicat illumine le bleu qui se patine déjà dans un gris lila.

R
comme ruines, Médinat Al-Zahar : à quelques kilomètres de Cordoue, les ruines en terrasse d’un éphémère califat du douzième siècle. Quelques belles arches ouvertes sur le bleu intense du ciel.

S
comme Séville : la Giralda, le minaret de l’ancienne mosquée, est muni d’une rampe intérieure qui permettait au muezzin d’accéder à la terrasse haute à cheval. Un clocher baroque le surmonte aujourd’hui qui annonce les ors de la cathédrale. S comme le bario de Santa Cruz où nous nous perdons sans cesse entre les hauts murs tapissés d’azulejos. S comme San Eloy, la bodega où nous mangeons des tapas sur des gradins de faïence bariolée et sous les jambons des Alpujaras. S comme Santa Maria la Blanca, où nous passons deux nuits dans des chambres sans fenêtres donnant sur le plus bruyant des patios.

T
comme tapas : le salmojero est une sorte de gazpacho épais accompagné d’œuf dur et de jambon, le préféré d’Isabelle qui en fait les aime tous. Il y a aussi les tartines grillées baignées d’huile d’olive et accompagnées de sangria que nous dégustons sous un soleil brûlant après avoir goûté aux délices de l’Alhambra. La variante qui tue, avec ail pilé et toujours de la sangria, celle du balcon de l’Europe, n’est pas mal non plus. Autre souvenirs gastronomiques : les repas dans les Alpujaras, couscous à la cannelle, boudin noir et piment vert « a la plancha » avec un vin rouge léger et frais.


U
comme uno, dos, tres et les mots les plus simples : nous comprenons assez facilement l’espagnol pour suivre le chemin qu’on nous indique. C’est déjà plus difficile d’expliquer au patron de l’hôtel que nous souhaitons être réveillés très tôt. Nous parvenons même à faire emballer un fromage sous vide à force de gestes et de patience. Mais lorsque je demande à deux grands-pères de Séville la plaza de toros, c’est le gag du serial killer de La cité de la peur …



V
comme viva la muerte, Cordoue : y aller ou pas ? Une retransmission de corrida sur Arte vue à la télé d’un bar à tapas de Cordoue et avec une telle attention pour cette cérémonie barbare que le patron en profitera pour essayer de nous arnaquer nous suffira : nous ne verrons pas d’autre corrida !

W, x, y…
Z
comme zut, Costa del sol : Zut… mais c’était sûr : la côte est bétonnée d’un bout à l’autre mais nous finissons par découvrir un petit village tout blanc accroché à un rocher et une plage de sable gris fermé par une colline…de bananiers ! Toute la vallée jouit d’un climat tropical : plus d’oranges ni de citrons mais des mangues, des goyaves, des bananes et des avocats, une végétation luxuriante où se mêlent les bougainvillées, les hibiscus et le jasmin. Le soleil se couche, que nous regardons disparaître dans un verger de cannes à sucre et de papayes. Retour vers la plage le matin : ciel d’un bleu soutenu, eau très claire, roches noires et un superbe bain de mer. Autre bain un peu plus tard, un peu plus loin, sur la plage naturiste d’Almonecar brutalement plongée dans une brume soyeuse qui flotte longtemps sur la mer. Déjeuner de papayes, oranges, mangues et raisins de la vallée tropicale.



Jean Pierre Ablard, 3 novembre 2006

3 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour
prems en commentaire!

Anonyme a dit…

anonyme 2 est deuxième à être première...

Anonyme a dit…

deuxieme a etre deuxieme ca veut dire deuxieme tout court...