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Carrières sur Seine, 78, France

vendredi 6 novembre 2009

Un été de la Saint Martin...

L'automne s'offre à chaque seconde dans le rutilement de ses ors.
Sur les côteaux de Aesch, sous le soleil de la fin du jour entre les lignes des vignes dont quelques lourds grains bleus pourrissent lentement sous les feuilles mordorées au dessus des vallons déjà pris par l'ombre du soir.

Au loin, vers l'est, sous le Gempen, l'imposante masse du Goetheanum se détache devant les hêtres en feu des collines d'Arlesheim. L'air est chaud, les soleil aveuglant ne semble pas vouloir céder un pouce de sa course. Comme dans le poème allemand, "tu verras bientôt le monde assourdi couler sous l'or chaud dans la force de l'automne..."

La maison d'Albert Steffen, grande demeure surmontée sur la droite d'une coupole en forme de bulbe. Vie vaste et riche derrière la patine des volets de bois d'ombre rose, les murs pâles, le vert de gris de la coupole. Dans le jardin, entre les vieilles barrières de bois moussues, l'automne explose une dernière fois dans le mûrissement des roses tardives, des asters et des cosmos qu'Albert Steffen entretenait si souvent de ses défunts. Au seuil de l'entrée, comme un gardien du seuil, un érable rouge: Geisterwachen!

De la montagne du Belchen, en Forêt Noire, vue magistrale sur les Alpes cristallines dont les pieds se noient dans la brume bleue, la plaine de Bade et le Feldberg, assemblage de mélèzes jaunes et de pins noirs. Le vert des pâtures prend des teintes printannières à la lisière des forêts sombres et denses. Ciel immense, fils de lumière.

Visite de la petite chambre rouge si sage et si sobre d'Assja Tourguenieff au 30, Rüttiweg: rouge sombre les murs et le plancher. Une petite armoire, un bureau, et pour seuls objets trois anciens cartons à dessin et une centaine de fusains originaux, de belles illustrations du Conte du serpent vert et du beau Lys. Sur le palier, aussi sobre, aussi sage, la chambre d'Edith Maryon, bleu foncé du sol au plafond. Deux cellules où se concentraient les forces de la pensée créatrice. Flots de lumière doré de l'autome par les fenêtres.

Les petites vaches frisonnes du Goetheanum meuglent sous leur grand frère, le sphinx de béton gris de la chaufferie: même gris, même formes rondes.

Soirée de Lieder à la Rudolf Steiner Halde, avec Marion Ammann dans l'ambiance des défunts et de l'automne: Schumann/Eichendorff, Liederkreis Op. 39: "Wie bald, ach wie bald kommt die stille Zeit, da ruhe ich auch und über mir rauschet die schöne Waldeinsamkeit und keiner kennt mich mehr hier..."
Archives d'Ita Wegman, dans l'ancienne véranda de son grand chalet de bois d'Arlesheim face à un maître hêtre, solitaire et somptueux, qui illumine les boiseries de la grande pièce. Ambiance retenue et feutrée d'une maison que peuplèrent tant d'esprits. Dans son album photo, Londres, la Grèce, l'Italie, l'Egypte, la Hollande, Paris...

Le vent a balayé les feuilles des arbres en une nuit, qui jonchent à présent les rues, derniers reflets de l'été sur l'asphalte et la terre des chemins. Une pie se baigne au soleil dans une ancienne auge de pierre et s'envole brillante, les plumes bleu noir aux reflets d'argent, qu'elle va sécher dans un arbre doré. Eté de la Saint Martin...
Dornach, CH, novembre 2009

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je viens de regarder, de lire, de voir et je reconnais là toute la poésie humaine que tu sèmes sur tes chemins de vie. Je partage la croisée de nombre de ces chemins et j'en suis à la fois fière et heureuse.Enfin, je continue à te suivre là où mes pas peuvent aller, même si parfois je prends d'autres chemins aussi.