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Carrières sur Seine, 78, France

vendredi 1 janvier 2010

O miradouro de Lisboa

Rua do Corpo Santo: masse noire d’une église désaffectée aux gouttières hautes que défoncent de grands arbres encore verts. Tout près, ouverture sur le Tage et l’espace maritime au bout d’un belvédère de marbre aux senteurs marines: une vieille gare blanche à l’allure mauresque, une esplanade ourlée d’un balcon et quelques larges marches aussi belles qu’absurdes vers les eaux opales du Tage.

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Alfama (Lisbon-story): balcons surchargés de décorations de Noël et de fleurs artificielles aux tons délavés, venelles, volées d’escaliers, passages voutés, arches, dédales de ruelles en pente, enchevêtrement de vieilles demeures aux façades ornées d’azulejos, cours intérieures, fontaines, jardinets, patios, vieillards, treilles, citronniers et orangers, palmiers, parmi lesquels circule le tram 28 aux tôles jaunes qui brinqueballent, tout de cuivre et de bois blond, dans le crissement des freins. Miradouro de Santa Luzia: de temps à autre, une place en balcon sur la ville ou le Tage, loge d’un théâtre baroque devant un immense espace de lumière qui s’ouvre soudain...

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Au musée du fado, musique triste et retenue de ce blues de Lisbonne, voix et images des chanteurs qui l’enchantèrent dans l’Alfama ou la Mouraria, les vieux quartiers populaires, jusqu’à ceux qui le réinventent aujourd'hui…

Pavés de basalte gris des chaussées et mosaïque monochrome de calcaire blanc crème des trottoirs, miroitants sous la pluie, rutilants sous le soleil, sol souple, jamais tout à fait plan des rues et ruelles. Les trottoirs des quartiers plus cossus se parent de motifs géométriques ou marins, poulpes et sardine,étoiles, caravelles et croix…

Vers Estoril, le long des hautes falaises battues par la mer face à l’Atlantique à travers des forêts de pins parasol et d’eucalyptus; Praia do Gincho, immense plage très plate aux subtiles couleurs sable et outremer; retour vers Lisbonne par la route côtière bordées de villas fin de siècle. Plus bas, vers les docks, architecture industrielle de briques le long de l’embouchure du Tage…

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Noëls: Noël paisible au Bairro alto où il fait bon flâner dans la douceur de la nuit et passer d’un Noël à l’autre, par le petit funiculaire de Bica, vers la ville basse; Noël à Baixa et cloches de la cathédrale toute proche, Jingle bells et Douce nuit, dont les battements se répercutent sur les azuléjos des façades des hautes demeures, envahissant le matin frais; Noël à la pâtisserie de Belém, devant un pastel de nata, petit flanc rond emmailloté comme un Jésus dans la crèche dans une pâte feuilletée tiède et craquante sous le voile de cannelle qui se mêle au parfum du galao; Noël des galettes des Rois et Reines fourrées de fruits secs et confits; Noël des crèches, partout dans la ville…

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Piété populaire: dans chaque boutique, vierges de Fatima, jaunes, roses ou mauves, phosphorescentes sans doute, Saint-Antoine plus sobres mais du même plastique, chapelets, boules de verre avec pluie de paillettes sur la grotte de Bethléem, crucifix dorés… Plus bobo, plus chic, plus cher, un petit santon de terre du XVIIIe que nous marchandons chez un antiquaire: il a perdu une jambe mais garde dans sa façon d’ôter son chapeau qu’il présente devant son cœur une touchante humilité…

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Extrémité sud-est de l’Algarve: Tavira, la ville blanche au jour qui fuit dans la tiédeur. Magnifique jardin encore fleuri au pied de l’église sous la protection des remparts du château, calades bordées de maisons basses aux toits en biseau, charme désuet des quais, langueur océane de la rivière qui paresse jusqu’à la lagune… En bordure de l’océan, de Sagrès à Odeceixe, lande sauvage que balaient pluie diluvienne et vent violent; dans l’attente de leurs fleurs, l’odeur sucrée et épicée des cistes; vagues sauvages sous la falaise aux tons rouges; plus loin vers le nord, chênes-liège, eucalyptus, pins parasol; autour des fermes un palmier, un oranger, un citronnier, quelques porcs ou moutons…

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Crachins, averses, bourrasques de vent lourd d’embruns, pluies violentes, rivières en crue, flaques, éclaboussures, humidité des chambres sans chauffage, champs inondés, giclées brutales sous les roues des voitures, atmosphère pourtant chaude et l’envie que se prolongent ces moments où le ciel soudain bleu redonne à Lisbonne son charme languissant!

Lisbonne, 31 décembre 2009

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